CROISEURS-CUIRASSÉS 1914-1918
Six ans avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, les Anglais lancèrent le premier croiseur de bataille. Mais malheureusement pour leurs équipages, les anciens croiseurs-cuirassés n’avaient pas été déclassés pour autant. Trop lent pour intercepter la nouvelle génération, et trop faibles pour retenir sur la ligne de combat, ils ne s’en battirent pas moins tout au long de la guerre en subissant de lourdes pertes.
ÉTATS-UNIS
On voit ici le cuirassé avant sa reconstruction en 1909. Le haut franc-bord et la rentrée exagérée lui donnait un air très français. Toutefois, sa combinaison de couleurs ocre et jaune était typiquement américaine. Le Brooklyn, seul unité de sa classe, était une version améliorée du Saratoga. Son armement de huit canons de 203,2 mm préfigurait ce que l’on allait retrouver plus tard sur les croiseurs de première classe.
Classe Pennsylvania, d’un déplacement approchant les 15 000 tonnes, les bâtiments de la classe California furent les premiers croiseurs-cuirassés américains à être construit par les États-Unis sur une échelle européenne.
L’armement de la classe Pennsylvania était léger pour les dimmensions de ce bâtiment. On avait cherché à alléger les navires afin de leur donner une bonne vitesse.
Les Américains construisirent quatre croiseus-cuirassés de la classe Tennessee, les USS Tennesse, Washington, North Carolina et Montana rebaptisés plus tard Memphis, Seattle, Charlotte et Missoula, le dernier fut achevé en 1908. Le camouflage de guerre du Tennessee est un changement radical de la panoplie du Brooklyn. Les Tennessee furent les derniers croiseurs-cuirassés à être construit par les États-Unis.
RUSSIE
La silhouette du Rurik est facilement reconnaissable à ses trois cheminées tronquées. Toutes ses batteries principales étaient logées dans des affûts jumelés qui permirent d’installer vingt canons à tir rapide dans des réduits simples répartis le long du pont supérieur.
ALLEMAGNE
La conception du Blücher est due à une intoxication savamment montée par les Britanniques, qui firent croire que les nouveaux Invincible seraient des croiseurs conventionnels à canons de 233,7 mm. En conséquence, les Allemands dotèrent le Blücher d’un armement bien supérieur. Les canons de 210 mm du Blücher avaient une meilleure portée que ceux que l’on trouvait sur les croiseurs britanniques de l’époque. Ses huit canons de flanc rendaient sa cannonade autrement plus redoutable que les cinq canons des modèles britanniques.
Il ne fait aucun doute que le Blücher fut le meilleur croiseur-cuirassé jamais construit, mais il n’aurait pas dû servir dans une escadre de cuirassés, Détaché auprès de l’escadre de Hipper à Dogger Bank, il fut détruit par l’escadre de Beatty. On voit ici l’équipage chercher un lieu sûr alors que le navire coule en arborant toujours son pavillon.
Le Gneisenau et son frère le Scharnhorst formaient le fer de lance de l’escadre de l’est asiatique commandée par von Spee. Ces deux croiseurs remportèrent la victoire de la première grande bataille navale de la guerre. Le Scharnhorst coula à 16 h 17 avec ses 770 hommes d’équipage avec le courageux von Spee. Le Gneisenau ne survécut pas longtemps. A 18 heures, tout était terminé, et les croiseurs de la bataille mirent les chaloupes à la mer pour tenter de sauver le plus d’hommes possible d’une mort certaine dans l’eau glacée.
Les origines du croiseur-cuirassé
Le croiseur-cuirassé fut conçu pour assurer une triple fonction : l’éclairage de la flotte, la lutte contre les bâtiments de même type et la présence armée dans les colonies. Cette dernière mission pouvant se compléter par une éventuelle guerre de course contre le commerce ennemi.
On peut faire remonter les origines du croiseur-cuirassé français aux travaux de l’ingénieur naval Dupuy de Löme. Homme d’esprit hardi et novateur, il avait compris tous les avantages que pouvait tirer la marine de guerre de la double révolution que constituaient le blindage en acier et l’utilisation de la vapeur. Son action au sein de la marine française avait permis de jeter les bases d’une flotte moderne comprenant également l’usage des bâtiments sous-marins.
Le Powerful fut construit par la Royal Navy en réponse à un renforcement de la flotte russe. Rapide et possédant une grande autonomie, le bâtiment était néanmoins sous-armé. Le déséquilibre de ce type de navire conduisit la Royal Navy à mettre au point la classe Diadem, ébauche des nouveaux croiseurs-cuirassés.
Les progrès technologiques de la métallurgie permirent à la fois d’accroître la puissance des machines et la charge propulsive des projectiles dont la portée des canons, ainsi que le renforcement de la protection des œuvres vives. Les grandes nations européennes se lancèrent dans une course aux armements qui fut l’occasion de mettre au point de nouvelles formules de navires de guerre. Mais le progrès de techniques ne se limitait pas aux cuirassés. Il fallait aussi des navires plus rapides et au long rayon d’action, pour patrouiller aux confins des empires, protéger le commerce et perturber celui de l’adversaire. Pour ces cas de figure, il fallait combiner un armement raisonnable, un blindage suffisant, une grande vitesse et une confortable autonomie. C’était la naissance du croiseur-cuirassé.
Les français se lancèrentdans l’aventure avec le Colbert en se souvenant des gloires passées de la course. Les Russes, qui cherchent depuis Pierre le Grand leur avenir sur les mers, construisirent en 1870 la classe General Admiral.
Avec le Cressy, le croiseur-cuirassé fit sa réputation dans la marine britannique. Il conservait l’armement des Powerful deux gros canons de chasse et une batterie secondaire réduit, mais les réduits inférieurs étaient beaucoup trop bas sur l’eau pour servir même sur une mer calme.
La Royal Navy, dominant les mers à cette époque, ne pouvait laisser passer cet événement sans réagir. En 1877 apparaissait le Shannon, qui possédait non seulement des blindages verticaux, mais aussi un blindage de pont. Ce bâtiment fut à l’origine de la vogue des bâtiments presque aussi grands que des navires de second rang, mais capable de rivaliser avec eux. En théorie, ils possédaient principalement un avantage de vitesse qui ne comptait guère dans la pratique, ce qui conduisait ces croiseurs à naviguer dans les mers lointaines où ils ne risquaient pas de rencontrer des cuirassés ennemis.
Le sort du Cressy laissa entrevoir l’évolution de la bataille navale. Naviguant à vitesse réduite au large de la côte hollandaise avec deux de ses jumeaux, le Hogue et l’Aboukir, il fut attaqué par le sous-marin allemand U-9.
La vitesse ne pouvait être améliorée qu’au détriment de la protection, ce qui aboutit pendant un temps à la mise à l’eau de navires moins armés et moins protégés. Incapable d’engager le combat avec un cuirassé, les croiseurs se trouvèrent dans la même incorfort de position que jadis les régates par rapport aux vaisseaux de rang. Avec l’aube du nouveau siècle, les améliorations des blindages proposés aux marins rendirent possible des ponts blindés et une protection verticale tout en conservant un armement minimal et une vitesse acceptable. La tactique navale de l’époque obligeait les croiseurs à embarquer une artillerie d’un calibre important pour pouvoir être intégrés à une ligne de bataille composée des cuirassés. Cela tout en conservant deux de leurs attributions traditionnelles, les croisières dans les colonies et la guerre de course.
ROYAUME-UNI
Le décret de défense naval de 1889 fut responsable de l’essor rapide de la force de croiseurs britanniques. Le Blake fut certainement un précurseur. Si l’on en juge par les réduits du pont principal et par l’armemement qui allait devenir la norme dans la marine britannique.
Conçu avant tout pour servir de navires amiraux à des escadres outre-mer et pour la protection des intérêts commerciaux, les Blake étaient armés de canons de chasse de 233,7 mm sur l’avant et sur l’arrière, et d’une batterie principale de dix canons de 154,4 mm. A cause de leur âge, ils ne prirent part à aucune opération après 1914.
En dépit de l’action peu reluisante de son jumeau de Good Hope à Coronel, le Drake fut un digne successeur de la tradition des Cressy. Sa conception souffrait malheureusement d’idées périmées, comme l’éperon et les réduits inférieurs qui ne servaiaent vraiment à rien.
On voit le Suffolk (à gauche) en compagnie du Brooklyn dans les eaux de Vladivostock. L’histoire de la classe Conty connut des hauts et des bas. Le Monmouth fut perdu à Coronel, mais le Kent prit part à la bataille des Malouines où, en excédant sa vitesse normale, il ratrapa le Nüremberg et le coula.
Le Black Prince et son frère furent les derniers croiseurs-cuirassés britanniques à être dotés d’une batterie secondaire de canons de 152,4 mm qui étaient inutilisables même sur mer calme. Ce n’étaient pas de bons navires. Il fallut attendre l’arrivée des classes Warrior et Minotaur pour voir l’adoption d’un agencement de canons rationel.
FRANCE
Le Bruix de la classe de l’Amiral Charner au large de Solanique en décembre 1915. Noter la rentrée exagérée qui était typique des idées françaises de cette époque. Le Bruix était un bâtiment supérieur à ses contemporains britanniques comme les Hermoine par exemp
Le Latouche-Tréville était un de ces trois vaisseaux construits en 1890 pour la guerre de course. Ils étaient encore en service pendant la Première Guerre mondiale
Le Gloire de la classe Kléber, Gueydon et Aube, était une des ses unités. Le Sully fit naufrage en février 1905, mais les quatre autres bâtiments servirent pendant toute la guerre.
La classe Gambetta se composait d’excellents bâtiments, capables de faire 17 nœuds en n’utilisant que la moitié de leurs chaudières et de maintenir une vitesse constante de 18 nœuds pendant soixante-douze heures d’affilée.
Le Waldeck Rousseau a jeté l’ancre au large d’Alger. C’était un bon croiseur qui fut pourtant rapidement détrôné par les croiseurs de bataille. Bien capable de pointer neuf canons sur chaque flanc, le Waldeck Rousseau avait une canonade moins puissante que celle des Minotaur britanniques.